Merci … Madame Lili LEIGNEL !
Lundi 5 décembre 2022, à l’espace Lionel-Boutrouche, collégiens et lycéens ont écouté avec émotion Lili Leignel, venue livrer un témoignage poignant.

Les élèves de troisième du collège Montabuzard et ceux de terminale du lycée Maurice-Genevoix ont rencontré Lili Leignel, rescapée de la Shoah. Elle témoigne contre l’ignorance et pour la mémoire collective.
À 90 ans, bien campée sur ses deux jambes, Lili Leignel a raconté l’arrestation de sa famille, le 27 octobre 1943 à Croix, dans le Nord. Transportée en camion militaire bâché, puis dans des wagons à bestiaux durant plusieurs jours, elle était avec sa mère et ses deux petits frères, mais séparée de son père, envoyé à Buchenwald.
« Nous avons vécu comme des ombres »
Elle a 11 ans lorsqu’elle arrive au camp de Ravensbruck. La tête rasée, elle endosse un vêtement de bagnard et un matricule. « Nous n’étions plus personne, plus de nom. »
En février 1945, ils sont transférés au « camp de la mort » de Bergen-Belsen. Battus, humiliés, affamés, vivant dans un froid glacial, au milieu du typhus, de la tuberculose, des poux… vivants, morts et malades se côtoient. « Nous avons vécu comme des ombres, raconte-t-elle. Avec des chiens dressés pour nous attaquer. 80 ans plus tard, j’ai toujours peur des chiens. »
Et d’évoquer, aussi, les femmes enceintes qui voyaient leurs bébés noyés sous leurs yeux par les SS à l’accouchement, les fosses communes où les cadavres étaient aspergés d’essence et brûlés diffusant une odeur âcre.
Ce n’est qu’en avril 1945 que des soldats anglais ouvrent les portes, libèrent les déportés, distribuent de la nourriture et soignent les malades.
Lili Leignel a été rapatriée avec ses frères dans une famille d’accueil, puis chez un oncle. Sa mère ne les a rejoints qu’une fois soignée du typhus. Son père, lui, a été fusillé avec des groupes de juifs, quelques jours avant la libération du camp de Buchenwald par les Américains.
À leur retour chez eux, tout a été pillé, « même le papier peint ! ». Ils pourront heureusement compter sur l’aide des voisins pour remeubler.
Aujourd’hui, si Lili Leignel témoigne auprès des jeunes, « c’est pour qu’ils sachent et qu’on en finisse avec les discours négationnistes ». Et de conclure, avant de répondre aux questions : « Je compte sur vous, vous êtes mes messagers. Soyez tolérants, combattez le racisme, l’antisémitisme, la haine… »
Source : La république du centre du 08/12/2022